Ladyfag

L'icône de la nuit new-yorkaise Ladyfag crée des évènements aux allures de spectacles imaginaires. Sa vision de la beauté est revigorante

Dans la rubrique Bêtes de scène, des personnalités créatives qui dictent les tendances en matière de musique, d'art et de vie nocturne dévoilent leurs trois principales inspirations en matière de style

En 2015, l'icône culte du style et de la vie nocturne Ladyfag est LA sauveuse de la culture underground des clubs de New York. Ses célèbres soirées techno bimensuelles (« SHADE ») sont le repaire nocturne préféré d'Alexander Wang et de Riccardo Tisci. C'est donc à elle que nous avons demandé un avis sur l'art de la vie nocturne, le style transcendant et le maquillage expérimental. Pour les amateurs de science-fiction ou de cinéma, ses icônes de beauté sont marquées par une inspiration avant-gardiste de premier choix.

Frida Kahlo : « Mes looks s'inspirent souvent de Frida, au point que de nombreuses personnes me croient mexicaine. »

Frida Kahlo:
« Frida est l'une des plus grandes icônes à avoir influencé mes looks et ma vie depuis que je suis jeune. Mon nom hébreu vient d'ailleurs de mon arrière-grand-mère hongroise, Frida. On m'a retiré ce nom quand j'étais petite, pour essayer de m'intégrer à l'école. Une partie de mon côté rebelle s'est manifesté quand je l'ai récupéré.  J'ai passé beaucoup de temps au Mexique. J'adorais me rendre dans les villages pour regarder les femmes autochtones vêtues de leurs tenues traditionnelles. J'aimais le fait de pouvoir identifier une personne au travers de son habit. Ça a vraiment éveillé un sentiment en moi : des personnes qui trouvent leur tribu en s'habillant de manière à exprimer une identité, sans forcément avoir le même sang ou habiter au même endroit. Mes looks s'inspirent souvent de Frida, au point que de nombreuses personnes me croient mexicaine. D'ailleurs, en général, quand on me demande si je le suis, je mens et je réponds oui ! Qu'il s'agisse de Frida ou de Siouxsie Sioux, tout est dans les sourcils ! À chaque fois que je me retrouve sur la chaise d'un maquilleur, la première chose qu'il souhaite faire est d'essayer de dompter mes sourcils. Mais je ne le laisse jamais faire ! »

Rachel dans Blade Runner : « Elle donne du fil à retordre à la Tina Turner de Mad Max et à la Princesse Leia. »

Blade Runner, Replicants:
« Rachel, c'était la femme ultime. Mystérieuse, chic, des épaulettes... et quels cheveux ! Et à l'instar de Cosmo, vous pouviez passer du jour à la nuit en passant de Rachel à Pris. Pris est TOUJOURS une inspiration pour mes looks "club". Perruque, smoky eyes et saut périlleux arrière ! Elle donne du fil à retordre à la Tina Turner de Mad Max et à la Princesse Leia. Sur le dancefloor, je ressemble à leur enfant illégitime. »

Mrs. Lovett dans Sweeny Todd:
« La journée, je suis une créature Vivienne Westwood gothique. Eh oui, même les vampires ont besoin d'un style pour la journée ! Je finis souvent par ressembler à un personnage de Tim Burton. Une fois, quelqu'un m'a crié "Beetlejuice !" dans la rue. J'étais forcément séduite : C'est le plus beau compliment que l'on puisse me faire. »

Quel est l'élément clé de votre propre look ?
Je ne sais pas pourquoi, mais il semble que mes aisselles prennent le pas sur tout le reste. Je trouve cela choquant que de nos jours, dans une ville comme New York, cela se passe comme ça, mais c'est le cas. Je suis comme ça depuis ma période hippie à 15 ans. Des gens identifient des inconnues aux aisselles poilues sur Facebook avec mon nom et me disent : « Hé ! Elle fait comme toi ! »

« Comment faire un pas vers l'acceptation ? En en faisant d'abord une tendance. »

Que pensez-vous de cette nouvelle tendance, dans le monde de la mode et ailleurs ?
Actuellement, dans le monde de la mode, il y a ce sentiment « d'essayer d'accepter d'autres choses ». Donc, comment faire un pas vers l'acceptation ? En en faisant d'abord une tendance. Mais c'est quand même évidemment positif, un pas dans la bonne direction. Je suis davantage choquée quand des personnes NE l'acceptent PAS.

Avez-vous des particularités dans votre propre rituel maquillage ?
Pour commencer, je n'utilise jamais correctement mon maquillage. J'aime appliquer de l'eye-liner sur mes lèvres. Et parfois, inversement, le rouge à lèvres est parfait sur les yeux ! Je crois qu'il ne devrait pas y avoir de règles. Je joue avec mes sourcils, comme Frida : j'utilise M·A·C Carbon, et de temps en temps je les déplace vers le centre ou vers le haut. Ou alors je fais des sourcils à la Siouxsie Sioux. Je crois qu'il faut en faire un maximum ! Mon look le plus naturel est loin d'être naturel...

Citez-nous les choses les plus folles que vous ayez utilisées comme maquillage.
J'ai vraiment tout essayé sur mon visage, à un moment ou à un autre. Pour une de mes soirées SHADE, nous avions choisi un thème dystopique et futuriste. J'avais adopté un look digne de Blade Runner, auquel j'avais ajouté je crois quatre plaques métalliques. Je ne pouvais même plus ouvrir la bouche ! Une autre fois, je m'étais collé des clous sur les sourcils, et je me suis endormie avec. Le lendemain, ils étaient parfaitement en place, mais vous parlez d'un LOOK...

Quels sont les défis de New York en 2015 pour conserver la liberté, le glamour et l'esprit égalitaire de la musique dance ?
Le plus gros problème de New York, c'est New York elle-même. Attention, je ne dis pas du mal de New York, je voue une vraie passion à ma ville ! Mais la réalité, c'est que cette ville devient hors de prix, et que cela a des conséquences : les propriétaires de clubs doivent augmenter leurs tarifs pour couvrir leurs frais, et les plus riches font fuir les petits établissements. Une des choses que j'aime à New York, c'est l'énergie dégagée par les nombreuses personnes créatives qui viennent ici réaliser leurs rêves. Malheureusement, maintenant, il faut venir avec ses rêves ET un plan !

Que souhaitez-vous faire ressentir à un fêtard qui vient pour la première fois à une de vos soirées ?
Qu'il se sente bienvenu.